Le thème de ce colloque très dense était : « Faut-il réparer la Vie consacrée ? » Réparer sous-entend que quelque chose a été cassé. Mais laisse aussi envisager que ce qui est cassé peut être réparé. Tout n’est donc pas perdu … Pour autant, il ne faut pas masquer ce qui a été abîmé. « La page fait partie du livre. On ne peut pas l’arracher sans tordre la vérité. » Autrement dit, ne pas être dans le déni. Le retour en arrière est impossible. L’irréparable fait partie de notre histoire qui n’est pas réversible. La cicatrice est indélébile. On pourrait prendre comme image cette restauration des vases (Kintsugi japonais) qui mettent en valeur les fractures par des dorures qui finalement embellissent l’objet. Ce n’est pas une restauration à l’identique mais la blessure est valorisée.
Reste à réparer ce qui peut l’être. Dans irréparé, il y a du « pas encore », ce qui met de l’espérance dans nos vies ; cela touche notre foi en Dieu et en l’humain dont il faut prendre soin.
Continuer de s’occuper des victimes en veillant aux phrases qui minimisent : « ce n’est pas si grave ! » ; « il y en a qui souffrent plus que vous ! » « Vous devriez pardonner… »
Il est difficile d’être sans jugement sur les victimes et sur les auteurs de crimes. Il faut réparer le regard que nous portons sur les humains, réparer notre espérance. Mais Dieu est là pour réparer le monde avec nous.
Il est aussi nécessaire de faire un diagnostic à partir des dysfonctionnements : s’interroger sur les causes est fondamental. Par exemple sur le fait que le mal commis l’a souvent été par des hommes, et des personnes célèbres. C’est une question à traiter, sans stigmatiser. Le sentiment d’admiration risque de mener à l’idéalisation voire à l’idolâtrie.
L’Église doit poursuivre la démarche qu’elle a entamée. Il reste des aveuglements.
- Il faut nommer les choses et du courage pour les dénoncer. Les scandales sont inévitables mais il ne faut pas les couvrir.
- Écouter le peuple de Dieu quand il exprime ses souffrances et ses questions et utiliser la méthode synodale.
- Revoir la protection juridique… Il y a des vides…Toujours suivre la loi.
Le combat n’est pas fini. Le Christ n’a pas supprimé le mal mais Il a fait espérer une victoire ! Il nous faut continuer d’affronter, sans naïveté, la présence du mal et son aspect systémique.
La Vie religieuse a quelque chose à apporter à l’Église. Elle a bien avancé dans la recherche sur les abus, mais c’est loin d’être le cas dans les autres secteurs ou dans d’autres pays où des tabous demeurent.
Le Christ a besoin de nous pour reconstruire le Bien et le Beau. Faisons Lui confiance car c’est ce même mal qu’Il a affronté jusqu’à la croix ! Il a su ouvrir un chemin à partir du mal, ce qui nous permet d’envisager des chemins d’Espérance, même si c’est une Espérance sans évidence. Mais après tout, n’est-ce pas le propre de l’Espérance ?!
Communauté de Paris
Vous pouvez trouver l’ensemble de l’article dans le Trait d’Union N°91
Abonnez-vous au : 17 rue Chazière 69004 Lyon
Offrande libre par CCP ou virement … N’oubliez pas d’indiquer votre adresse.😉