- Sr Joëlle, que penses-tu des projets de loi sur la fin de vie qui font l’actualité en France ?
Je voudrais d’abord dire que les soins palliatifs sont là pour soulager la douleur et permettre cet accompagnement. J’en témoigne, ces derniers moments sont l’occasion de rencontres, d’écoute, de réconciliation qui sont souvent une libération pour le malade et ses proches. D’où l’importance de les développer.
Accepter le suicide assisté nous sort de notre vocation qui est de favoriser la vie. C’est contre ma conscience. Et puis d’un côté, on fait tout pour éviter le suicide et de l’autre on le légalise.
La mort fait partie de la vie mais je n’ai pas à la provoquer. Je l’accompagne jusqu’à la fin naturelle de la vie du malade. Il faudrait accepter que nous ne sommes pas maîtres de la vie. Nous ne sommes pas Dieu ! Accueillons la mort naturelle comme un passage. Nous sommes des êtres limités dans le temps. C’est difficile, sûrement, mais Dieu nous attend au seuil de la Vie nouvelle.
Soeur Joëlle, infirmière à Annonay
« J’aimerais préciser que pour moi, la loi sur la fin de vie sera une décision sociétale et non pas médicale. En tant que médecin, je respecte et j’entends les demandes exprimées par des malades, je comprends leur détresse mais je ne pourrai pas administrer un produit létale.
Je donnerai toute mon énergie, mon écoute pour expliquer aux malades et à leur famille ce que les soins palliatifs proposent. La sédation profonde est définitive.
Je souhaite que les médecins parlent plus facilement de la mort avec les malades. Bien connaître les différentes étapes de la fin de vie : l’agonie, le trépa. Notre société a aseptisé la mort, étape ultime avant d’entrer dans la vie éternelle. »
Muriel Favre (médecin à Lyon)
« Je pense que ce projet de loi constitue une rupture avec un accompagnement de soin.
Assortir dans une loi sur l’euthanasie, un accès plus facile aux soins palliatifs, est un artifice politique qui donne l’illusion d’un projet équilibré. La primauté de la dimension compassionnelle de l’aide à mourir efface la réalité de provoquer la mort, ce qui consiste en une manipulation rhétorique.
Au lieu de parler du « bien mourir », il est préférable de s’occuper du « bien vivre » jusqu’à sa fin naturelle, c’est-à-dire de l’accès aux soins palliatifs.
Lorsque l’interdit de tuer est aménagé, il ouvre la possibilité à de multiples modifications en toute bonne conscience. Les pays qui ont adopté l’euthanasie l’ont tous élargie en direction des plus faibles, des plus vulnérables, des fragiles… »
Thierry Arnoux, médecin à Lyon
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