Debout, même en prison…

Debout, même en prison…

Sr Régina a longtemps travaillé dans les prisons. Elle a pu accompagner un condamné à mort, puis à perpétuité. Elle nous donne son témoignage.

J’ai rencontré pour la première fois Francisco en 1994, dans la prison de Busan ; il venait d’être condamné à la peine de mort… ! Vingt-neuf ans après, je l’ai revu dans une autre prison, toujours aussi motivé et aussi positif sur la vie. 

Condamné à mort à l’âge de 21ans après avoir commis un crime, Francisco ne connaissait pas son père immigré aux Etats-Unis. Alors qu’il s’apprêtait à le rejoindre avec sa maman, cette dernière est décédée suite à une chute. Francisco a donc été élevé par sa grand-mère. 

Durant mon apostolat auprès des prisonniers, je me suis forgée la conviction qu’ils étaient souvent victimes de familles qui n’avaient pas les moyens d’éduquer ou d’accueillir leurs enfants et d’une société qui ne pouvait pas prendre le relai.

Francisco a été gracié en 1998, jour de la fête de l’Assomption mais il reste condamné à perpétuité. N’ayant plus sa maman, je l’ai mis en contact avec Anna, une  bénévole de la pastorale de la prison pour être comme sa marraine. Lors de son pèlerinage à Medjugorie, Anna avait prié pour Francisco afin qu’il ne soit pas condamné à mort. Nous pensons que sa prière a été exaucée grâce à l’intercession de Marie.

Francisco, depuis qu’il a été incarcéré, ne s’est jamais découragé : il s’est instruit et a développé ses capacités. Il a même appris le français pour pouvoir communiquer avec Sr Jean Gwénolé à qui je l’ai confié pour lui donner un peu de consolation dans la foi. 

Cette année, il a eu 50 ans. Durant 29 ans d’incarcération, il a refait sa vie et écrit son histoire avec courage, persévérance et espoir. Actuellement, il a deux licences et continue d’étudier en ligne pour une troisième licence. Il a acquis une compétence de couturier et a reçu deux fois le grand prix de couture. Il pourrait être couturier à sa sortie de prison. 

Il continue de bien se conduire en prison et les gardiens reconnaissent ses qualités et sa belle personnalité. Pour en arriver là, que de combats avec lui-même d’abord et contre les évènements  fâcheux : le climat à l’intérieur de la prison était parfois insupportable. 

Il a enduré 29 ans cette situation et il l’endure encore, sans savoir jusqu’à quand. 

Mais nous espérons qu’un jour, il sera libéré et qu’il pourra respirer et goûter la vie en toute liberté. Il sera aussi confronté à la réalité de la vie en société avec ses difficultés, ses problèmes et sa complexité… 

L’important est qu’il reste toujours debout et garde un regard positif chargé d’espérance. Il sait que beaucoup de personnes dont les sœurs trinitaires, prient pour lui et le soutiennent.

Grâce à une foi solide, il sait que Dieu est avec lui. En Lui, il puise sa force et son espérance. 

Courage, Francisco ! Reste bien DEBOUT !

Sr Régina